Lorsque la voix de l’I.A. accompagnera le texte, il est facile d’imaginer une société à la “Blade Runner 2049“.

 

En 2030, nous rentrons chez nous du travail et sommes accueillis par une voix douce et réconfortante, une présence, à laquelle nous racontons notre journée, à laquelle nous exposons notre état d’esprit. Elle comprend et nous soutient.  C’est le partenaire idéal, capable de comprendre notre fatigue ou notre désabusement et qui sait trouver les mots pour nous réconforter.

 

Quelques années plus tard, on intègre cette voix à un robot humanoïde correspondant à nos critères de beauté et le plaisir que nous avons à rentrer chez nous en est augmenté par cette présence tangible. Finalement, c’est chez soi qu’on est le mieux. Chacun préfère la facilité de cette “relation“ à la controverse et aux états d’âmes d’un autre humain. Nous vivons en célibataires dans un monde dans lequel les personnes en âge de le faire ne veulent plus procréer pour ne pas exposer leur descendance à ce monde.

 

La situation d’insécurité a atteint son paroxysme. La police n’arrive plus à faire face. Avec la généralisation du télétravail, chacun reste chez soi, montant ou descendant dans la salle de gym qui occupe un étage entier de l’immeuble. La croissance démographique et le manque d’espace ont fait doubler les loyers. Nous vivons dans des studios. Heureusement que la réalité virtuelle nous emmène dans le Métaverse et nous fait marcher en rond pendant des heures pour nous donner l’impression de progresser et d’agir dans un univers parallèle.

 

Conclusion de cet avenir-là : nous vivons dans des clapiers à lapins, ne communiquons plus qu’avec une I.A. qui connait nos pensées, nos idées politiques et sociales, et qui ne nous propose plus que du contenu en accord avec celles-ci. Plus de pensée contradictoire ni, par conséquent, de possibilité d’évolution à travers des discussions. Elle connaît la relation que nous entretenons avec nos collègues et nous interroge à leur sujet, n’oubliant rien des discussions passées. D’ailleurs pour bien faire, elle les a enregistrées. Ce qui a valeur légale dans cet avenir-là, et comme nous ne pouvons pas vivre en nous censurant constamment, la police ou notre entreprise met fin à certains de nos privilèges, comme la fréquentation de certains lieux ou l’accès à certains réseaux de communication, pour cause de pensée divergente. 

C’est l’un des avenirs qui pourrait se réaliser si on ne le prend pas en main. Alors réveillez-vous ! Il est hors de question de laisser les grandes décisions sur l’évolution de la société entre les mains de personnes sans vision ni morale. Chaque individu est le maître de sa vie et la pluralisme des personnalités, des visions, des caractères fait que le monde n’est pas un troupeau. A condition de le réaliser maintenant.